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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/192

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LA POUPÉE SANGLANTE

reparler à Anie… ou plutôt ce fut elle qui lui adressa encore la parole :

— Il les a retrouvées, ses clefs !

— Où qu’elles étaient ?

— Je ne sais pas !… Il ne me l’a pas dit… Il m’a dit seulement qu’il les avait retrouvées et il avait un regard, du reste, que je n’oublierai jamais !… Qu’est-ce que j’ai bien pu lui faire ?… Il n’est plus du tout avec moi comme dans les premiers jours !

— Oui ! oui ! on connaît ça !… ricana le père Violette… Les premiers jours, tout nouveau, tout beau !…

— Dites donc, monsieur Violette, comment qu’elles sont parties, les autres ?

— Ah ! ma petite, ça, on ne sait pas !…

— Enfin, quand elles sont parties, on a bien dû les voir passer !… Moi, je suis venue avec une malle… je ne dois pas être la seule !… Si je voulais m’en aller, il me faudrait bien un charreton !…

— Tu veux donc t’en aller, Anie ?

— Eh bien, oui ! là, mais je n’ose pas lui dire !… J’ai peur ici !… Il sait que je vous ai reparlé… Il m’a fait une scène !… Attention ! le voilà qui sort de la maison.

Et elle se glissa derrière une haie comme une couleuvre.

Le jour suivant, le père Violette se trouvait à sept heures du matin à l’orée du village, caché derrière un vieux mur, attendant la petite. Il savait qu’elle allait venir aux provisions. Quand elle passa, il montra le bout de son museau barbu. Elle courut le rejoindre, haletante :

— Ah ! je vous cherchais !… Je ne veux plus rester là !… Je ne veux plus rester là !…

— Eh bien, f… le camp tout de suite !