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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/202

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LA POUPÉE SANGLANTE

tes. Ils lui auraient mis un bâillon. L’autre se laissait faire, sans résistance aucune, bien qu’il parût avoir recouvré toutes ses forces. Il hochait simplement la tête en ayant l’air de les approuver :

— Prenez vos précautions !… On ne sait jamais !… Je comprends que je ne vous sois pas sympathique !…

Dans la grange, on avait mis le corps du père Violette, que la charrette était allée chercher dans un second voyage… Le brigadier avait bien demandé qu’on le laissât sur le sentier où il avait été tiré et où le trouverait la justice, mais ses amis de Corbillères s’étaient refusés à le laisser passer encore une nuit sous la pluie et on l’avait apporté là, dans une bâche. De temps en temps, ils sortaient de la salle commune et allaient le voir, et ils juraient de le venger !…

La sous-préfecture avait été prévenue… On attendait les autorités, la police, « tout le tremblement »… Ah ! que c’était une affaire !… Tout le monde était d’accord là-dessus !… Une affaire dont on parlerait longtemps, dans les quatre parties du monde !… Un sacré procès !… On ne savait pas, après tout, combien il en avait assassiné, le Peau-Rouge !… On ne lui connaissait que sept victimes, sept pauvres petites femmes, qu’il avait ainsi découpées en morceaux, jetées au feu de sa cuisinière… mais il y en avait assurément bien davantage !…

Au matin, ils étaient si excités qu’ils voulaient ficher le feu à l’écurie, brûler le satyre ! Heureusement, les autorités arrivèrent. Il n’était que temps !

Menacé par tout ce tumulte, ces cris de mort, Bénédict restait calme, d’un calme formidable qui impressionnait ses gardiens, lesquels se