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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/204

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LA POUPÉE SANGLANTE

choses, les malles et les valises, enfin tout le bagage des sept femmes disparues !

— Eh bien, quoi ! qu’est-ce que cela prouve ? répliqua-t-il quand on lui opposa ce trop éloquent témoignage… que je suis un homme d’ordre !… et qu’on peut avoir confiance en moi !… Quand elles reviendront, elles seront bien contentes de retrouver leurs petites affaires telles qu’elles les ont laissées !…

— Nous saurons retrouver leurs cendres ! s’écria le juge, et peut-être ce jour-là mettrons-nous fin à une attitude qui vous égale aux pires monstres qui aient déshonoré le nom de l’homme !

— Je comprends votre indignation, monsieur le juge, et la fièvre qu’elle vous inspire ! Mais, croyez-moi, il n’est pas bien sûr que vous retrouviez toutes ces demoiselles à l’état de cendres !… Ce n’est pas une raison parce que j’en ai brûlé une pour que j’aie fait flamber les autres…

— Mais enfin, pour celle-là, vous avouez ?

— J’avoue quoi ?… Je n’avoue rien du tout !… J’ai toujours été trop ami de la vérité pour vous faire le plaisir d’avouer un crime que je n’ai pas commis !… Ça n’est pas une raison parce qu’on découpe une femme en morceaux et qu’on la met dans son poêle pour qu’on l’ait tuée !…

— Mais enfin, prouvez-nous que vous ne l’avez pas tuée !

Ça, monsieur le juge, ça, ce n’est pas mon affaire !… Je ne suis pas magistrat, moi !… je ne suis pas payé par le gouvernement pour faire des enquêtes tendant à établir l’innocence ou la culpabilité des citoyens ! Pour rien au monde, je ne voudrais empiéter sur vos prérogatives… Travaillez !

Ainsi parlait Bénédict Masson… Nous n’entrerons point dans le détail d’une instruction qui, en