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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/205

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LA POUPÉE SANGLANTE

effet, a occupé le monde entier et qui est présente encore à toutes les mémoires… Plus les témoignages et les faits semblaient l’accabler, plus Bénédict semblait en concevoir une joie farouche. Jamais son masque n’avait été plus puissant ni, naturellement, plus odieux.

En ce qui concerne le père Violette, il reconnut tous les propos menaçants qu’on lui prêtait ; il rendit hommage à la mémoire de Mme Muche, qui raconta avec force détails la visite du Peau-Rouge à l’Arbre Vert et son entrevue avec l’ancien garde.

Mme Muche avait trop prévu l’événement qui devait s’ensuivre pour n’en pas tirer un juste orgueil : « Si le père Violette m’avait écouté, il amorcerait encore ses lignes et poserait ses nasses. »

L’examen du cadavre du père Violette avait établi qu’il avait été pris comme au lasso, étranglé par une cordelette, puis jeté dans l’étang avec une pierre aux pieds ; mais la pierre devait avoir été choisie trop lourde car elle avait rompu le lien qui l’attachait à la victime.

— Évidemment, faisait entendre Bénédict Masson quand on lui présentait les résultats de l’enquête, évidemment !… Un Peau-Rouge doit savoir lancer le lasso !… Je vous dirais que je ne sais pas lancer le lasso, que je ne parviendrais pas à vous convaincre, monsieur le juge ! Tout de même, j’attends que vous déposiez ce sacré lasso sur la table des pièces à conviction, à côté de mon petit panier à transporter « les restes » et de ma « cuisinière » !

On était allé interroger Christine chez elle et, sur l’avis des médecins, on put, du moins pour le moment, lui éviter une pénible confrontation.

Aussi bien, elle eût été inutile, l’inculpé ne contredisant en rien les dépositions de Mlle Norbert.