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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/217

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LA POUPÉE SANGLANTE

moment que la tombe va se refermer sur la figure de cire de Bessie-Anne-Elisabeth Clavendish, femme du dernier des Coulteray, de ce Georges-Marie-Vincent qui ne serait autre lui-même que Louis-Jean-Marie-Chrysostome, l’empouse de la légende, et cela quelques heures avant des événements extraordinaires qui allaient bouleverser toute une contrée…

N’oublions pas que nous sommes dans un pays où il y a une auberge qui s’appelle la Grotte aux fées, dont l’enseigne rappelle un-dolmen qui est visité des plus aimables lutins ; non loin de ce dolmen s’en trouve un autre, de proportions gigantesques, appelé le Palais de Gargantua ; à quelques kilomètres de là, il y a encore la brette du taillis Saint-Nicolas, tertre bâti de pierres brutes, qui appartient, lui aussi, aux temps celtiques où l’enchanteur Orfon aurait entassé d’immenses richesses qu’il se plaît à faire résonner avec fracas dans la nuit de Noël…

Toute cette superstition est gracieuse, plaisante, poétique, propre à une terre où l’on est heureux de vivre, et ne rappelant en rien les épouvantes bretonnes ; mais enfin elle est au fond des mœurs, liée encore à de certaines coutumes, occasion de certaines fêtes auxquelles les plus incrédules auraient garde de ne point se mêler… N’oubliant point cela, nous serons moins étonnés de ce qui va se passer.

Et d’abord, nous ne pourrions mieux nous rendre un compte approximatif de la situation morale — à ce point de vue — de la population de Coulteray, qu’en rapportant très succinctement ici la façon dont, à différentes reprises, y fut accueilli le marquis. Nous avons déjà dit qu’il était né à l’étranger. Il ne vint à Coulteray que dans la force de l’âge ; aussi quand il apparut,