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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/223

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LA POUPÉE SANGLANTE

— Suivez-moi ! répondit-il…

Et il les fit descendre tout de suite par un petit escalier souterrain qui conduisait à la crypte.

Celle-ci était encore déserte.

— Tenez, placez-vous dans ce coin ; après la messe, on va la descendre ici… Vous la verrez tout à votre aise. Elle n’a jamais été si belle, on dirait un ange… On va la mettre provisoirement dans le tombeau de « l’empouse » qui est vide, comme vous le savez certainement, et d’où elle ne sortira que pour être ensevelie définitivement dans un tombeau magnifique que M. le marquis va lui faire faire et qui sera édifié là-bas… auprès de celui du comte François II, dit Bras-de-Fer, mort en terre sainte. M. le marquis a bien du chagrin !

Il les quitta, car on avait besoin de lui, là-haut…

Ils se trouvaient dans une espèce de niche creusée dans la muraille, et d’où ils dominaient le tombeau de « l’empouse », lequel était ouvert, attendant sa nouvelle proie…

On avait glissé la pierre qui le recouvrait (et sur laquelle on pouvait lire encore l’inscription relative à Louis-Jean-Marie-Chrysostome, écuyer de Sa Majesté) sur un tombeau voisin…

Jacques sentit la main de Christine qui se crispait dans la sienne… Tout cet appareil de mort, ces chants funèbres qui leur paraissaient dans leur retraite souterraine comme la plainte même des trépassés, jaillie des entrailles de la terre, ces figures de pierre étendues sur les sépulcres, les mains jointes dans un dernier geste de supplication et de prière avant le jugement dernier, toute cette scène, éclairée assez lugubrement par quelques rayons tombés des soupiraux gothiques qui prenaient jour au ras du sol envahi par les