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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/224

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LA POUPÉE SANGLANTE

ronces du cimetière était bien faite pour impressionner un esprit qui eût été moins ébranlé que celui de Christine.

Quant à Jacques, il maudissait comme toujours sa propre faiblesse qui aboutissait à ce cul-de-sac de la mort dans lequel il était venu s’enfermer avec Christine, dans le moment même qu’il rêvait pour sa fiancée la renaissance de toutes les forces vitales dans le rayonnement d’une nature triomphante…

Lui, si fort avec les autres et avec lui-même, lui, l’intelligence même, il n’existait pas, il n’avait jamais existé devant elle que par elle !… Il s’en rendait compte une fois de plus, il y avait beau temps qu’il ne luttait plus ; un instant, il avait essayé de se ressaisir, il avait senti qu’elle le laisserait s’évader avec sa belle tranquillité et son doux sourire triste, sans autre protestation… « De profundis clamavi ad te, domine ! ». Chaque esprit, ici-bas, et sans doute là-haut, a son maître… Il ne sied pas, même au plus orgueilleux de faire le malin… On a vu de prodigieux cerveaux à la remorque de repoussantes gotons ; et Christine était belle et bonne… « Dies iræ, dies ille ! »

La grille ouvragée qui était derrière le tombeau du comte François, dit Bras-de-Fer, s’ouvrait, et le cortège des filles de Marie et des dames du Feu se répandit dans la crypte, précédant le cercueil que les gars apportèrent et soulevèrent pour l’enchâsser provisoirement dans le tombeau de « l’empouse »…

On eût dit qu’ils y déposaient une merveilleuse corbeille de fleurs, où reposait une vierge endormie…

Christine ne quittait plus cette figure idéale de ses yeux agrandis par l’angoisse et la douleur…

Ah ! oui ! qu’elle était belle dans la mort, Bessie-