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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/230

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LA POUPÉE SANGLANTE

XXIV

DROUINE, GARDIEN DES MORTS

Cette phrase sibylline, qui semblait les attacher à Coulteray pour l’éternité, laissa Jacques assez perplexe… Christine l’inquiétait de plus en plus, elle avait la fièvre. Elle ne pouvait tenir en place. Où le conduisait-elle maintenant ? Droit chez le sacristain qui habitait un petit carré de pierres troué d’une porte et de deux fenêtres Renaissance, adossé à ce qui restait de rempart et disparaissant à demi sous la vigne vierge et les plantes grimpantes. C’était une loge, d’où il pouvait surveiller l’entrée du château, et c’était presque un tombeau d’où il pouvait surveiller les morts.

Drouine était Solognot. Il n’était ni vif ni impressionnable comme le Tourangeau, et l’on eût pu croire, à le voir si avare de ses mouvements, qu’il manquait d’activité. Il n’en était rien. Il travaillait quinze heures par jour. Le plus souvent le château était désert et lui appartenait. Le service de la chapelle, le cimetière, au fond, l’occupaient peu. Il ne creusait pas quatre tombes par an. Il passait son temps à remuer la terre, le long des anciens remparts, sur une bande de