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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/234

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LA POUPÉE SANGLANTE

légende, ne date pas d’hier, non plus ! laissa tomber Christine.

— Ah çà ! mais, est-ce que tu deviens folle, toi aussi ? s’écria Jacques…

— Et le pistolet que vous nous avez envoyé ? savez-vous ce que c’est ? reprit Christine haletante… Monsieur pourrait vous l’expliquer !

— Christine ! Christine !… supplia Jacques… tais-toi, je t’en supplie… tais-toi !… d’abord, nous ne sommes sûrs de rien !… Et puis en ce moment tu oublies, tu oublies… (il lui avait pris les mains et les lui serrait avec une force dont elle ne se défendait pas). Tu oublies que nous avons autre chose à faire que de nous occuper des morts !

Elle ne lui répondit pas, mais elle fondit en larmes…

Soit parce que les devoirs de sa fonction l’appelaient dehors, soit par discrétion, Drouine sortit dans l’instant, sans prononcer une parole. Jacques essaya aussitôt de calmer Christine qui se montrait de plus en plus nerveuse.

— Ma chérie, lui dit-il, je t’accorde tout ce que tu voudras ! Le marquis est un monstre et la marquise une martyre. Tant qu’on pouvait encore espérer la sauver, tu sais que j’ai été le premier à vouloir que tu agisses ! mais maintenant, je t’en supplie, détournons-nous de tout ce qui n’est pas ce que tu sais bien !… Oublie le drame de Coulteray, comme il nous faut oublier celui de Corbillères !… Il fut un temps où tu n’aurais pas eu besoin de tant de discours !… Encore une fois, ne songeons plus qu’à Gabriel !

Elle sécha soudain ses larmes…

— Tu le veux ?… Eh bien ! que ta volonté soit faite !… dit-elle d’une voix sourde… et ce sera peut-être épouvantable !…

— Que veux-tu dire ?