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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/235

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LA POUPÉE SANGLANTE

— Ah ! çà ! mon cher, tu m’en demandes trop !…

— Es-tu enfin décidée à partir ?…

— Oui, tranquillise-toi, nous serons bientôt à Paris.

— Mais je ne te demande pas de retourner tout de suite à Paris… En ce moment, Gabriel peut attendre.

— Eh bien ! nous attendrons ici.

Il ne put retenir un geste d’impatience ; assurément, elle se moquait de lui, mais il n’eut pas le temps de manifester sa mauvaise humeur. Un bruit singulier leur venait du dehors… comme d’une course, d’une poursuite, accompagnée de petits cris perçants d’oiseau traqué par le chasseur… Ils sortirent sur le seuil… De là, ils apercevaient une partie du cimetière qui entourait la chapelle… Drouine, comme un fou, courait de tombe en tombe, derrière une ombre qui s’enfuyait en criant, en piaulant, et qui finit par disparaître derrière la chapelle.

Ils rejoignirent le sacristain au moment où il montrait le poing à un petit être grimaçant et ricaneur qui sautait par-dessus le mur bas, dans un bond suivi d’une curieuse pirouette : « Sing-Sing ! » prononça Christine.

— Oui, Sing-Sing, répéta Drouine en s’essuyant le front… Il ne me laisse pas un instant de repos !… je l’ai surpris écoutant derrière la porte… c’est Sangor qui me l’envoie !… J’aurais voulu lui administrer une bonne raclée pour la bile qu’il m’a fait faire depuis qu’ils sont arrivés ici… C’est toute cette clique qui rendait Mme la marquise si malade !…

— À propos de Sangor, je voudrais vous dire un mot, Drouine, fit entendre Christine en jetant sur l’homme un singulier regard.