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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/239

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LA POUPÉE SANGLANTE

XXV

MINUIT…

Christine voulut passer la nuit au château. On mit à la disposition des deux jeunes gens le premier étage de l’aile du nord, c’est-à-dire deux chambres séparées par un salon, qui avaient été autrefois l’appartement particulier de Catherine de Médicis et que Louis-Jean-Marie-Chrysostome avait fait transformer, le trouvant particulièrement lugubre, dans le goût du jour (celui de la Pompadour) pour le réserver aux invités de marque.

Nous ne pourrions dire si, dans leur rococo tout neuf, ces pièces, qui avaient eu jadis leur caractère quand on ne les avait pas encore déguisées sous une parure aussi inattendue, présentaient à l’œil un aspect souriant et, comme on devait commencer à dire dans le premier tiers du XIXe siècle, « confortable », mais il est permis d’affirmer que, pour les visiteurs de nos jours, il n’est rien de plus triste que ces chicorées, ces palmettes et ces mauriers qui tombent en poussière… que tout ce tortillis de rosaces plaqué sur des murs de donjon… tout cela apparaît aussi maussade, ridicule et flétri que des oripeaux qui ont passé sous la pluie, au lendemain du carnaval.