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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/248

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LA POUPÉE SANGLANTE

sang-froid… Ce n’était pas lui qui se laisserait entraîner par la folie ambiante…

Soudain, Christine et Drouine firent entendre un gémissement rauque, en même temps… La jeune fille avait saisi le bras de Drouine et le lui serrait à le faire crier… Jacques venait de pénétrer dans le cimetière et, dans le même moment, la forme flottante était apparue à nouveau, glissant le long du mur de la chapelle, revenant dans le cimetière, le fantôme pâle de Bessie-Anne-Elisabeth…

Elle passa devant le porche, arriva à la petite tour et disparut par la porte basse qui menait à la crypte.

Jacques, qui s’était arrêté un instant, prit le même chemin et pénétra, derrière elle, dans le monument…

Accrochés l’un à l’autre, le front à la vitre, ni Christine ni Drouine ne prononcèrent une parole… Toute leur vie, c’est-à-dire tout ce qui leur restait de force vitale, s’était réfugiée dans leur regard qui ne quittait point le cimetière, la chapelle et ce petit trou noir de la porte par lequel Bessie et Jacques étaient descendus dans la terre des morts…

De longues, longues minutes s’écoulèrent ainsi… Enfin ils virent réapparaître Jacques… Christine laissa échapper un long soupir.

Elle était couverte d’une sueur glacée et ses dents s’entre-choquaient.

Drouine, lui, ne remuait pas plus qu’une pierre.

Jacques était sorti du cimetière, traversait la baille de son pas tranquille. Il franchit la cour d’honneur, leva la tête vers la fenêtre et leur fit un signe amical.

Quand il entra dans la chambre, ils le consi-