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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/249

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LA POUPÉE SANGLANTE

dérèrent comme s’il revenait, lui aussi, de l’autre monde.

— Eh bien, vous êtes des enfants, leur dit-il, et vous avez rêvé !… La même pensée vous habitait tous les deux et vous avez eu la même vision !… Je reviens de la crypte, et quoi que vous en disiez, Drouine, rien n’a bougé !… La pierre est toujours à sa place… on n’a pas touché au tombeau.

— Tu mens ! s’écria Christine… Tu l’as vue aussi bien que nous !… Tu t’es même arrêté en la voyant !… et tu es descendu derrière elle dans la crypte !…

— C’est vrai ! fit Drouine d’une voix rude. C’est la vérité du bon Dieu, sur ma part de paradis !…

Et il se signa de nouveau.

— Alors, vous me prenez pour un imposteur… Drouine, vous, vous êtes un homme ! Eh bien ! accompagnez-moi ! revenez avec moi dans la crypte ! et vous reconnaîtrez votre erreur !…

— Non ! je reste ici ! déclara-t-il de son air le plus sombre… demain, il fera jour !…

Il s’installa dans le couloir, roulé dans une couverture… Christine ne voulut point que Jacques la quittât et elle finit par s’endormir dans un fauteuil aux approches de l’aube… Jacques lui-même commençait à fermer les yeux quand un bruit de voix, une rumeur venue du dehors les sortit de leur première somnolence. Un groupe de villageois se montrait autour de la chapelle… d’autres accouraient dans la baille en appelant Drouine… et l’on voyait, à chaque instant, des paysans qui traversaient la « prée », se dirigeant vers le château avec de grands gestes…

Pour comprendre tout cet émoi du pays de Coulteray, il est nécessaire de préciser ici les événements qui s’étaient déroulés pendant la nuit, dans