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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/255

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LA POUPÉE SANGLANTE

état que le lendemain matin pour voir rentrer dans la cour du château la fameuse limousine aux volets de fer qu’elle n’avait pas vu partir.

Ce matin-là, la voiture n’avait rien de mystérieux, elle était ouverte ; seulement elle était conduite par Jacques, ce qui ne laissa pas d’étonner Christine.

— D’où reviens-tu donc, lui demanda-t-elle, avec cette limousine ?

— J’ai eu pitié de ce pauvre Drouine qui voulait déménager tout de suite !… Comme la veuve Gérard voulait aussi quitter le pays et qu’ils doivent se marier, je les ai, sur leur prière, conduits cette nuit même en Sologne, où Drouine possède un petit bien et où il a décidé de finir ses jours… j’ai pris cette voiture parce qu’il n’y en avait plus d’autres au château… Les malheureux seraient devenus fous, je crois, s’ils étaient restés une heure de plus dans ce pays !…

— Ma foi, je comprends ça maintenant ! fit Christine… Allons-nous-en, nous aussi, et tout de suite !…

Pendant le voyage, elle resta quelques heures sans parler… On ne savait si elle dormait ou si elle réfléchissait… Un moment, elle rouvrit les yeux et dit à Jacques :

— C’est tout de même extraordinaire que tu m’aies laissée comme cela, sans me prévenir, dans ce château… car enfin, pendant que tu conduisais Drouine et cette veuve Gérard en Sologne, moi, j’étais restée toute seule…

— Non ! répondit Jacques, tu n’étais pas toute seule… Le docteur Moricet, sur ma prière, a passé la nuit au château…

Le soir même, ils étaient à Tours… Ils y recevaient une dépêche du vieux Norbert : « Rentrez de suite… Gabriel me donne des inquiétudes ! »