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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/256

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LA POUPÉE SANGLANTE

XXVI

L’ÉCHAFAUD

Le procès de Bénédict Masson eut lieu au commencement de novembre, à Melun. Il fut tel que l’avait fait prévoir l’enquête. Et même le cynisme de l’accusé semblait avoir augmenté si possible. Ses réponses étaient un mélange de Jean Hiroux et d’Émile Henry, de stupidité voulue et d’audacieuse menace, dans une langue qui tantôt était celle d’un charretier pour s’élever brusquement à l’âpreté souveraine et redoutable d’un prophète biblique, tantôt fleurie comme une page de Bernardin de Saint-Pierre que terminait le plus souvent une phrase d’abominable argot.

Le jury servit de cible à ses pires facéties. Il répéta au président de la cour ce qu’il avait dit au juge d’instruction, qu’il n’était point payé pour faire sa besogne, que c’était à la justice de découvrir ce qu’étaient devenues les demoiselles qui avaient passé à Corbillères, qu’en ce qui le concernait, leur sort ne l’intéressait en aucune façon et qu’enfin si on l’avait trouvé en train de brûler une petite fille découpée en morceaux, c’était là un accident regrettable, surtout pour