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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/39

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LA POUPÉE SANGLANTE

lui ai dit ce que j’avais à lui dire et j’ai fichu le camp !… Vous vous en rappelez, mademoiselle Barescat ? »

Si Mlle Barescat « s’en rappelait » ! Le chat aussi avait l’air de « s’en rappeler ». Ils ronronnaient tous deux en signe d’assentiment, l’une caressant l’autre.

— Nous avons même attendu qu’il ressorte ! mais il n’est pas ressorti !… ajouta la mère Langlois… Et cet homme-là, je ne l’ai jamais revu !

— Je ne l’ai même jamais vu entrer ! exprima la mercière en faisant glisser ses lunettes sur son front et en me fixant de ses yeux couleur de poussière.

Alors je dis :

— Je sais de qui vous voulez parler !… c’est un ami de la famille… moi, je l’ai vu entrer quelquefois et je me rappelle très bien l’avoir vu sortir, il y a deux mois environ, vers les dix heures du soir !…

Je mens ! je mens !… je me fais leur complice !… je veux la sauver !… quoi qu’elle ait fait ! quoi qu’ils aient fait !…

Je passe une fin de journée assez trouble… J’essaie de ramener ma pensée autour du drame dont j’ai été le témoin… de l’éclairer aux quelques lueurs des propos entendus chez la mercière…

Ainsi… il y a deux mois, Gabriel était déjà dans la maison de l’horloger !… Et je n’en savais rien !… Et il avait toute la famille autour de lui !… Christine ne le recevait donc pas en cachette ?… Non !… Mais elle le gardait en cachette, dans l’armoire ! Dame !… Évidemment !… dame !…

Les autres le croyaient parti !… Et il était dans l’armoire !