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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/43

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LA POUPÉE SANGLANTE

impassibilité de statue… Au revoir ! tu es donc décidée à le rejoindre au fond de cet inconnu où il y a promesse d’union des âmes, mais où peut-être aussi règne le grand Pan de jadis, revêtu de sa peau de léopard ! ô païenne Christine !…

Disparais donc et moi aussi je disparaîtrai de cette terre au sein de laquelle j’ai hâte de déposer mon abominable défroque.

Je voudrais être ce cadavre que tu pleures… et qu’ils descendent dans le jardin…

Toi, tu n’as pas voulu en voir davantage et tu t’es redressée dans la nuit jaune et tu as disparu tandis qu’ils s’enfonçaient dans le puits d’ombre…

Mais rien ne remue plus au fond de l’ombre… s’ils creusaient une fosse, je verrais leurs gestes noirs…

Le rez-de-chaussée du pavillon a toujours été pour moi quelque chose d’obscur et de mal défini. Trois portes étroites et cintrées donnant sur le jardin et ne s’ouvrant jamais, toutes clouées de planches. Deux fenêtres, une à chaque extrémité, bouchées de persiennes. Deux ou trois fois, pendant ma faction, il y a eu comme un éclair intérieur qui traversait tout cela, comme une immense étincelle électrique entr’aperçue par les interstices des cloisons mal jointes… et puis tout retombait à la nuit…

C’est là que le neveu travaille quand il n’est pas renfermé là-haut dans l’atelier avec Christine et le vieux Norbert… Sans doute doit-il se livrer à des expériences de radiographie… De nos jours, il n’y a plus de médecin ni de chirurgien sans électricité… Je sais aussi (bavardages de Mme Langlois) qu’à ce rez-de-chaussée, à droite, il y a un immense fourneau avec toutes sortes d’instruments, de cornues, de ballons de verre