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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/62

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LA POUPÉE SANGLANTE

— À vous ?

— Oui, à moi ! Oh ! n’ouvrez pas ces yeux étonnés… et qui attestent les plus méchantes pensées. Monsieur Bénédict Masson, si j’ai besoin de cette clef, ce n’est point pour venir ici en cachette, je vous prie de le croire… c’est pour m’enfuir, si c’est nécessaire !

J’en pouvais à peine croire mes oreilles !

— Ce marquis est donc bien redoutable ? fis-je…

— Vous le verrez !

Encore un silence… Je le verrai si je veux, car, enfin, rien encore n’est décidé, mais cette opinion, je me garde bien de l’exprimer, la jugeant, du reste, vaine et inutile à cause du peu de cas que je fais de ma volonté en face de celle de Christine… Cependant, je ne puis dissimuler mon inquiétude ; depuis quelques minutes, la marquise et Christine m’ont promené dans une atmosphère tellement incertaine… La fille de l’horloger comprend mon hésitation :

— Il ne se passe pas autre chose ici que ce que je vous ai dit, et qui n’a rien de tout à fait exceptionnel !…

— Le marquis, on ne le verra pas ?

— Peut-être pas aujourd’hui !… J’avais espéré… mais il est encore un peu honteux après la scène de ce matin…

— Ah ! c’est ce matin…

— Oui, il a voulu m’embrasser !… C’est tout ce qu’il y a eu de grave entre nous… C’est pardonnable !…

— Comment donc !

— Et je lui pardonne !… Mais je prends mes précautions pour l’avenir, voilà tout !

— Oui, la clef… la clef… et moi !

Elle a compris mon égarement, et alors il s’est