Le Président, faisant son entrée avec la belle Mme Lambert. — Non, chère amie, non, nous n’avons pas de nouvelles de Marie-Louis. Nous l’attendions ce soir, c’est la première fois qu’il manque à ma fête. J’aurai certainement une lettre demain… Alors vous voici revenus à Paris tout à fait ?…
Mme Lambert. — Grâce à Dieu, mon cher président… Si vous saviez ce que nous nous ennuyions dans ce trou de province… et puis, vrai, vous me manquiez !
Nanette, faisant un pas en Jean qui est tout à une discussion avec le réquisiteur général. — Monsieur Jean ! Monsieur Jean !…
Petit-Pierre, courant à Jean et l’empêchant ainsi de voir Nanette. — Mon papa, puisque c’est la fête de grand-père, n’est-ce pas que je peux me coucher quand je veux ?
Jean, qui s’est arrêté, mais toujours s’entretenant avec le réquisiteur général. — Oui, oui, Petit-Pierre…
Nanette. — Monsieur Jean…
Jean, impatienté. — Qu’est-ce qu’il y a, Nanette ?
Nanette. — C’est Bernard qui…
Bernard, saluant profondément. — Monsieur l’avocat général ?
Jean, de plus en plus impatienté. Au réquisiteur général. — Je vous demande pardon, monsieur le réquisiteur général. (À Bernard.) Voyons, que me voulez-vous, Bernard ?
Bernard, montrant son dossier. — C’est un dossier que M. Leperrier m’a chargé de vous remettre en mains propres, le plus tôt possible…
Jean, fronçant les sourcils. — Leperrier ! Qu’est-ce qu’il me veut ? (Il prend le dossier avec vivacité des mains de Bernard, y jette un coup d’œil.) Ah ! l’affaire Tiphaine. (Il lance le dossier sur la table.) Vraiment, ça ne pressait pas !
Bernard. — Mais il paraît que si… monsieur l’avocat général.