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Jean. — C’est bien, c’est bien… merci, mon ami… Nanette, je te recommande Bernard…

Il retourne à sa conversation avec le Réquisiteur général.

Bernard., remerciant — Oh ! monsieur l’avocat général.

Lambert. — Tiens ! Voilà Bernard… Bonsoir, Ber-nard… Surtout, Nanette, ne lui donnez pas de champagne… il ne supporte que le coco.

Bernard. — Oh ! monsieur le conseiller, j’ai connu un temps où vous veniez trinquer avec moi !… Mais vous n’étiez encore, à cette époque, monsieur le conseiller, que Me Lambert…

Mme Lambert. — Et moi, j’étais la belle Mme Lambert ! Tout passe !…

Le Président. — Bernard, tu dis des bêtises…

Bernard. — Je radote, monsieur le président, aussi, je me sauve…

Il salue profondément et sort avec Nanette.

Scène III

LES PRÉCÉDENTS, moins NANETTE et BERNARD

Maître Aga, venant au premier plan, à gauche, avec M. de Faber. — …Une remise après vacation, mon cher monsieur de Faber, vous ne me la refuserez pas ?…

M. de Faber, jouant avec son binocle et faisant des grimaces. — Nous verrons cela… Mais, dites-moi, Aga, il y a une chose qui m’intrigue. Lorsque vous devez plaider devant moi, pourquoi faites-vous toujours renvoyer l’affaire à la fin de l’audience ?

Maître Aga. — Ah ! pourquoi !… Vous tenez beaucoup à ce que je vous dise pourquoi ?…

De Faber. — Dame !

Maître Aga, il se penche vers M. de Faber avec malice. — Eh bien, c’est à cause de vos digestions. Vous avez des digestions étonnantes, mon président !

De Faber, d’un ton très aigre. — Qu’est-ce que mes digestions ont à faire avec l’heure de vos plaidoiries ? Vous êtes insupportable, maître Aga, et vous allez encore nous gratifier de quelque impertinence… Vous oubliez que nous ne sommes pas au tribunal…

Maître Aga. — Bon, voilà que votre digestion commence… Il tire sa montre.) Je ne vous parle plus avant une heure du matin…