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regrette pas… Tu en sortiras meilleur encore… Ceux qui ne l’ont pas, dans notre carrière, cette crise initiale, sont de pauvres gens… je me rappelle… on se réveille la nuit.. on a peur d’avoir commis une erreur judiciaire…


Scène V

LES MÊMES, M. DE FABER

De Faber, entrant. — … Une erreur judiciaire, qu’est-ce que ça veut dire ? Que signifient ces mots ; une erreur judiciaire ?… Moi, je prétends que, s’il ne fallait condamner que lorsqu’on est sûr de quelque chose, on ne jugerait jamais !

Ils se mettent tous à rire, même Marie-Louis.

Maître Aga, entraînant Marie-Louis. — Vous voilà consolé. Allons-nous-en !

Tous sortent, excepté le président et M. de Faber.


Scène VI

LE PRESIDENT, DE FABER

Le Président. — Eh bien, Faber, qu’y a-t-il

De Faber. — Ce qu’il y a ?… Vous vous doutez bien un peu de ce qu’il y a ?… Il y a que c’est une honte !… Ah ! les misérables !…

Il cherche quelque chose dans sa poche.

Le Président. — Quels misérables ?

De Faber. — Ceux qui ont écrit cela !…

Il montre un journal.

Le Président, avec un sourire amer. — Il s’agit encore de l’affaire Tiphaine ?

De Faber. — Évidemment… On ne parle plus que de ça… Aga ne vous a rien dit ?…

Le Président. — Rien d’intéressant.

De Faber. — … Ne m’étonne pas… comme toujours il ne s’intéressera à son affaire que la veille de l’audience… Ce sont ses secrétaires qui vont chez le juge et qui s’occupent de sa publicité… Et ils la soignent… Quel saltimbanque !… Mais lisez donc ?…

Le Président, repoussant le journal que M. de Faber lui tend. — Inutile, mon cher, j’ai lu tous les journaux ce matin.