Page:Leroux - La maison des juges.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
45

Jean. — Mais je croyais qu’ils étaient rentrés ?

Nanette. — Ils sont ressortis ensemble.

Jean, dans une grande exaltation. — Comprenez-vous cela, mon père, qu’il ne soit pas là à cette heure ? C’est insensé ! Qu’ont-ils à se promener dans les rues, quand on crie de pareilles choses !…

Nanette. — Je voulais vous dire, monsieur Jean… M. le réquisiteur général et M. le grand réquisiteur demandent à vous voir ainsi que M. le président… mais je ne savais pas que M. le président fût rentré… On peut les faire monter ?

Jean. — Le réquisiteur général ? Allez, Nanette !…

Le Président. — Oui ! Oui ! Faites-les monter…

Nanette sort.

De Faber. — Je vous quitte… Je suis heureux de vous voir poursuivre et soyez persuadés que M. le réquisiteur général et M. le grand réquisiteur seront de cet avis…

Il sort.


Scène IX

LE PRÉSIDENT, JEAN, LE RÉQUISITEUR GÉNÉRAL, LE GRAND RÉQUISITEUR

Le Réquisiteur général. — Mon président… (Tous les quatre se serrent la main.) Vous devez souffrir, mon cher Jean…

Le Grand Réquisiteur. — Je suis sûr que M. l’avocat général ne souffre pas… Jean Lamarque n’est pas un sentimental, et je l’en félicite… Ces infamies ne vous atteignent en rien, et vous avez le cœur assez haut, Dieu merci ! pour qu’il ne soit point troublé par le cri salarié de quelques camelots…

Le Réquisiteur général. — Hélas ! je crois connaître Jean mieux que vous monsieur le grand réquisiteur… Sous des dehors plus que sévères,… il cache une âme tendre et délicate… et qui souffre de tout… N’est-ce pas la vérité, mon cher président ?

Jean. — Messieurs, je ne sais pas si j’ai l’âme tendre, mais j’ai le cœur orgueilleux, je souffre, je l’avoue, nous souffrons tous ici dans notre orgueil… et dans le vôtre … On a attaqué la maison des juges : elle se défendra… Vous la défendrez, monsieur le