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Il marche… Il marche depuis si longtemps que rien, ni personne ne pourra l’atteindre…

Jean, saisissant le journal. — Ah ! brûlons cette misérable feuille !

Il la jette au feu.

Le Président. — Évidemment, tu préférerais brûler l’auteur de l’article, mais ça ne se fait plus.

De Faber. — Écoutez…

On entend soudain une rumeur sur le quai. Elle grandit, se fait plus distincte. Les trois personnages en scène prêtent l’oreille… Enfin, passe sous la fenêtre une troupe invisible de camelots qui crient à l’envi.

Les Camelots, dans la coulisse. — … Demandez !… le crime de la maison des juges !… Histoire de trois têtes… La croix de l’ancêtre… Le crime des Lamarque… Pétrus, le vendu !…

Jean se tient la tête de ses deux mains dans une manifestation de désespoir sans borne.

Le Président. — Ah ! les misérables !… (Montrant le plafond.) Il va entendre… il va entendre !…

De Faber. — Il s’est arrêté… ne vous semble-t-il pas ?… Il ne marche plus…

Les Camelots, dans la coulisse. Ils s’éloignent — Histoire de trois têtes !… Pétrus, le vendu !…

Le Président, les yeux au plafond. — Oh ! mon père !… mon père !… (Il se précipite vers Jean et lui prend la main.) Ah ! oui ! nous allons poursuivre !…

Jean. — J’ai cru que j’allais mourir…

De Faber, à demi-voix. — Il ne marche plus…

Le Président. — Tout de suite… Allons tous au Palais… Toute la maison des juges… Où est Marie-Louis ?

Jean. — Oh ! oui, mon père… qu’on nous voie tous entrer chez le grand réquisiteur… On comprendra… Marie-Louis ! Comment Marie-Louis n’est-il pas là dans un pareil moment ?…


Scène VIII

LES MÊMES, NANETTE

Nanette. — Monsieur Jean ?…

Jean. — Où est Marie-Louis, Nanette ? Il faut lui dire…

Nanette. — M. Marie-Louis est sorti avec madame.