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Le Président. — Mon pauvre enfant !

Béatrice, pleine de stupeur. — Jaloux de Marie-Louis ! Il était jaloux de Marie-Louis !

Jean. — Oui, oui… de mon frère… je suis jaloux de mon frère… Mais maintenant c’est fini… j’ai dit la chose tout haut. C’est passé… C’est fini…

Béatrice, elle saisit le bras de Marie-Louis qui a poussé une sourde exclamation et qui semble souffrir horriblement. — Vous entendez, Marie-Louis !… (Elle a un rire éclatant) Comment a-t-il pu devenir jaloux ?

Elle regarde Marie-Louis.

Marie-Louis, égaré. — Oui, oui… comment peut-on ?…

Béatrice continue à fixer Marie-Louis.

Jean. — Ces soupçons étaient le plus, grand crime qui pût se promener dans cette maison !…

Béatrice. — … Le plus grand crime !… Marie-Louis, je vous disais bien que vous aviez tort de m’empêcher de partir !… Jean est fou !… Sa justice le rend fou ! et, si je restais, je sens que je deviendrais folle, moi aussi !

Elle sort.

Jean, dans un grand cri. — Béatrice !… Il ne faut pas partir !

Béatrice ne l’entend pas.


Scène XII

LE PRÉSIDENT, JEAN, MARIE-LOUIS

Jean, allant à Marie-Louis. — Me pardonneras-tu jamais ? (Il serre longuement la main de son frère. À son père : ) Je ne pouvais pas avoir ça dans le cœur sans le dire… Maintenant, la maison est propre…


Scène XIII

LES MÊMES, NANETTE

Nanette. — Monsieur ! Monsieur !

Le Président. — Qu’y a-t-il, Nanette ?

Nanette. — M. Abel Leperrier !

Mouvement général.

Jean. — Ici ?

Nanette. — Il demande à voir M. le président tout de suite… il voulait monter derrière moi… Il est venu par le petit escalier qui donne sur la cour…