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Page:Leroux - La maison des juges.djvu/9

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ACTE PREMIER

Dans un vieil hôtel des quais, à Paris, vaste pièce salon du seizième siècle. À gauche, au premier plan, cheminée, âtre immense et grand feu de bois ; au second plan, porte. À droite, au premier plan, porte ; au second plan, escalier avec rampe et porte. Sur les murs des portraits de juges. Au fond, large baie vitrée. Vision du Palais de justice sous une lune pâle, dans un ciel de gros nuages.


Scène première

NANETTE, puis BERNARD

Nanette, elle descend l’escalier une lampe à la main ; une vieille horloge sonne neuf heures. Elle dépose sa lampe sur une table près de la cheminée, à gauche. — Neuf heures… (On frappe à la porte du premier plan à droite. Elle va ouvrir. Bernard, un dossier sous le bras, entre.) Tiens ! c’est vous Bernard, vous venez bien tard, mon ami.

Bernard. — Bonsoir, dame Nanette. (Montrant son dossier.) C’est une commission pressée.

Nanette. — Pour qui ?

Bernard. — Pour M. l’avocat général. Il est ici, M. Jean ?

Nanette. — Ils n’ont pas fini de dîner… L’audience, ce soir, s’est prolongée, et puis c’est la fête de notre président… Asseyez-vous donc, et posez votre dossier…

Elle avance un siège et lui montre la table.

Bernard, montrant le dossier. — Non, non, je ne m’en sépare pas. J’ai promis à M. Leperrier.

Nanette. — Ah ! ça vient de Leperrier ?

Bernard, serrant toujours ses dossiers. — Je dois le remettre en mains propres à M. l’avocat général sans retard. Je n’ai pas voulu attendre à demain matin.

Nanette, grincheuse. — Où l’avez-vous rencontré, votre Leperrier ?

Bernard. — Au Palais. Je passais devant son cabinet quand il m’a arrêté et m’a prié de lui rendre ce petit service.