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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/100

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LE CHÂTEAU NOIR

« Tu es sûr de cela ?

— Mon Dieu, non, répond-il, en cherchant par terre, à tâtons, sa lanterne, et en écoutant curieusement et anxieusement l’émoi et le tressaillement de la jeune femme, au fond des ténèbres… Non, je n’en suis pas sûr… mais en ce qui nous concerne c’est tout comme !… Il a disparu si absolument depuis vingt-quatre heures que je ne puis expliquer sa disparition que par sa mort ! En tout cas, nous ne pouvons plus compter sur lui !

— Alors, c’est moi qui partirai !… souffle Ivana, dont l’agitation paraît extrême.

— Tu sais bien que c’est impossible !… Si tu veux que le message n’arrive jamais au général… tu n’as qu’à partir…

— Ah ! tu ne sais pas ce que je suis capable de faire !…

— Si ! Si ! gronda l’autre, mécontent et cherchant toujours sa lanterne.

— Je ne voyagerai que de nuit !…

— Pour que le message arrive à temps, il faut voyager de jour et de nuit sans être gêné… comme l’eût fait Athanase déguisé en muletier !…

— S’il en est ainsi, malheureux, puisqu’il n’y avait que lui pour cette besogne, pourquoi l’as-tu laissé mourir ?

— Ça, c’est trop fort !… »

Il relève la tête et, très irrité :

« C’est tout ce que tu trouves à me dire ?

— Pardon, petit Zo !… fait-elle, tout de suite radoucie, mais comment allons-nous faire ?…

— Ah ! on trouvera bien… nous aurons notre katerdjibaschi, notre chef de muletiers, et Vladimir !…

— Qu’est-ce que c’est que ça, Vladimir ?

— Mon secrétaire…

— Tu as amené ici ton secrétaire ?…

— Oui, je te le présenterai… Il connaît toutes les langues de l’Istrandja-Dagh et est très débrouillard… Tu vois !  ! Nous ne sommes pas perdus !… On s’arrangera,