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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/105

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CE QUE ROULETABILLE,…

Gaulow… Croyez-vous que c’est un beau cadeau que je vous ai fait là ?…

— C’est vous qui avez pris Gaulow ? dit Rouletabille. Pendant que nous nous demandions si vous n’étiez point mort, vous ne perdiez pas votre temps, Athanase !

— Faisons vite ! reprit Athanase. Il y a un remue-ménage dans la Karakoulé !… Tout le monde cherche Gaulow… Ils sont tous comme fous de sa disparition… Ils finiront bien par s’imaginer que c’est nous qui l’avons emporté… Le donjon est-il en état de défense ?

— Oui, dit Rouletabille.

— Nous sommes garantis du côté de la corniche par l’écroulement de la deuxième tour, expliqua Athanase ; le torrent, trouvant un obstacle, recouvre maintenant la corniche… Après avoir failli être enseveli, j’ai failli être noyé… Allons, finissons-en ! »

Pendant ce colloque, Ivana s’était légèrement reculée dans l’ombre, hors du reflet de la lanterne ; on distinguait à peine sa silhouette appuyée sur la haute épée. Comme Athanase se penchait sur Gaulow, sans doute pour lui placer la tête à sa convenance, Ivana dit, d’une voix étrangement changée :

« Athanase… laissez-moi le soin de ma vengeance… En ce moment nous avons un devoir plus sacré à remplir. Nous sommes sûrs que les documents n’ont pas été touchés ; nous les avons vus. Ils sont intacts. On ne soupçonne même point l’existence du tiroir secret ! Athanase, il faut partir !… partir tout de suite !… Dans vingt-quatre heures il faut que vous ayez franchi la frontière du Nord !

— C’est bien ! fit Athanase, après avoir réfléchi quelques instants, c’est bien, je vais partir ! Cependant, j’aurais voulu lui couper, moi aussi, un peu le cou !… »

Et il montrait Gaulow étendu.

« Ce sera pour votre retour, mon ami !… Nous vous attendrons !…

— Oh ! ce ne serait pas si long si vous vouliez… Donnez-moi votre épée, Ivana, vous allez voir !… »