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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/110

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LE CHÂTEAU NOIR

Si Athanase avait pu voir les traits de Rouletabille, il eût été stupéfait du degré d’ahurissement qu’ils trahissaient. En vérité, il y avait de quoi s’étonner, mais Athanase ne semblait nullement se douter de ce que son histoire présentait d’exceptionnel ! Voilà un homme qui prétendait aimer Ivana, et qui, en réalité, ne s’était occupé que de Gaulow ?

À ce moment, La Candeur reparut, agitant ses mains vides avec désespoir.

« Eh bien, et ces « déjeuners du cycliste » ? demanda Rouletabille.

— Vladimir dit qu’il n’y en a plus !… »

Rouletabille se jeta sur La Candeur :

« Mais il a menti !

— Ah ! moi, je te répète ce qu’il m’a dit !…

— Eh bien ! Et les conserves M. H. ?

— Tu ne m’avais pas dit de t’apporter des conserves M. H., répondit avec candeur La Candeur.

— Pauvre idiot !… gronda Rouletabille… Retourne au donjon…

— Inutile, messieurs, je pars tout de suite, fit Athanase et dans trois jours je suis de retour.

— Partez donc ! dit Ivana. La faim vous donnera des ailes… Quant à moi, je n’ai plus faim ni soif de rien en face du repas que vous m’avez offert, mon cher Athanase !… »

Ce disant, elle regardait férocement Gaulow qui avait entièrement repris connaissance et qui avait redressé son torse contre la muraille… Elle ajouta :

« Merci, Athanase !… »

Alors, Athanase s’agenouilla et lui baisa longuement les mains cependant que Rouletabille sentait, comme on dit, son âme s’en aller…

« Au revoir, Athanase, dit-elle encore. Et portez la bonne nouvelle au général ! Que Dieu vous accompagne ! Nous vous attendons ! Au revoir ! »

L’autre répéta :