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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/124

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LE CHÂTEAU NOIR

Silence de Rouletabille… Vladimir, qui attendait peut-être un encouragement qu’il ne voit point venir, tousse et continue :

« Quand je vous aurai rappelé que la résistance des tissus de la cuirasse Dowe a eu de rapides limites, vous comprendrez maintenant comment j’ai été amené à l’idée de fabriquer un tissu qui fût plus résistant que celui de la cuirasse Dowe ! n’est-ce pas ?

— !…

— Et mon trait de génie a été de trouver un tissu qui déchire au passage l’enveloppe de nickel ou d’acier qui recouvre la balle de plomb moderne… qui la déchire, entendez-vous bien, au lieu d’en être déchiré !…

— !…

— Et ainsi il y a à l’intérieur même de la cuirasse une sorte d’expansion, si j’ose dire, et même d’écoulement par fusion de la matière plomb…

— !…

— Ce qui enlève à la balle sa puissance perforatrice !… »

Ah ! c’en était trop ! Rouletabille se retourna vers Vladimir Petrovitch et lui lança à toute volée un coup de pied dans le derrière.

« Tu sauras maintenant où mettre ta cuirasse ! » lui dit-il, cependant que l’autre se frottait l’endroit contusionné, avec une certaine mélancolie. Il n’était pas méchant pour un sou, ce Vladimir Petrovitch ! Il ne se fâcha pas. Depuis qu’il avait l’honneur d’être dans le service de Rouletabille, il en avait vu bien d’autres ! Ainsi le jour où Rouletabille s’était aperçu que cet élégant jeune homme grattait quelquefois les reçus du télégraphe pour lui soutirer d’infimes sommes. Vladimir Petrovitch avait entendu des paroles autrement dures pour son amour-propre que ne l’avait été certainement le pied du reporter pour la partie postérieure de son singulier individu… Vladimir ne protesta pas autrement, mais s’enfuit pour échapper à un second coup, suivi ra-