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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/123

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LE DONJON ASSIÉGÉ

Un dernier coup de crochet et la valise fut ouverte. Rouletabille se releva en titubant.

Il n’y avait plus de « déjeuner du cycliste », ni de provisions d’aucune sorte dans la cantine !…

Elle était pleine d’une masse informe et obscure que le reporter souleva sans arriver à comprendre à quoi cela pouvait servir. Du reste, l’objet en lui-même était parfaitement indifférent. Ce qui était terrible, c’est qu’il avait occupé une place bien précieuse ! Les animaux, chevaux et mules, après la première nuit passée dans le donjon, avaient été reconduits dans le hangar du chemin de ronde pour ne pas éveiller l’attention et n’avaient pas été ramenés dans la salle des gardes, de telle sorte que Rouletabille et ses compagnons n’avaient plus rien à manger, absolument rien !

Le reporter, tenant toujours cette masse informe à la main, se retourna :

« Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Ça ! c’est ma cuirasse de cuir !… gémit Vladimir sur le ton le plus pitoyable et le plus humble qu’il put trouver…

— Quelle cuirasse ?

— Comment ! vous avez oublié que j’ai inventé une cuirasse ? Mais, monsieur Rouletabille, je vous en ai parlé plusieurs fois et si vous m’aviez prêté la moindre attention…

— C’est bien ! maintenant je vous écoute… répliqua Rouletabille d’un air sombre, presque farouche…

— Vous savez, monsieur, commença l’autre avec une timidité charmante… Vous savez qu’on a toujours cherché des cuirasses à l’épreuve de la balle.

— On le raconte…

— On a bien raison de dire, monsieur, que les inventeurs sont toujours traités avec indifférence ! La vôtre me pèse et quand je vous aurai expliqué que la cuirasse Dowe était constituée, au moyen de matelassures assez épaisses avec, à l’intérieur, des tissus plus résistants… »