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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/128

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LE CHÂTEAU NOIR

d’abattre le majordome, lequel dressait sa silhouette au-dessus de la courtine du Nord, quand un coup de feu retentit.

Aussitôt on vit M. Priski basculer, disparaître derrière le haut mur, et l’on entendit la voix de La Candeur qui montait de la salle des gardes.

« J’ai tué M. Priski !… J’ai tué M. Priski !… »

Les jeunes gens descendirent :

« Qu’est-ce que tu faisais ici ? demanda Rouletabille. qui paraissait de fort méchante humeur, j’avais crié : « Tout le monde en haut ! »

— Eh ! j’y suis allé là-haut, j’y suis allé tout de suite, répliqua La Candeur.

— Mais tu n’y es pas resté ?

— Ma foi non ! Vous tiriez !… Vous tiriez ! et l’odeur de la poudre m’incommode !…

— Ah ! tu es brave !

— Tout de même j’ai tué M. Priski !

— Et tu as fait un beau coup, là !… Tu ne sais donc pas que le chapelain est mort ! J’ai vu qu’on l’emportait hier soir avec Stefo le Dalmate ! Il n’y avait plus que M. Priski pour faire entendre raison à ces sauvages, leur faire craindre des représailles et leur parler du neveu de M. de Rothschild !

— Ma foi, je regrette bien qu’il soit mort ! fit La Candeur ennuyé, mais ce n’est pas de ma faute !…

— Comment ! ce n’est pas de ta faute ?…

— C’est mon fusil qui est parti tout seul ! Je n’ai eu qu’à le poser sur la meurtrière, et pan ! M. Priski est mort ! Qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ?… Je ne tenais pas à le tuer, moi, M. Priski ! Je ne tiens à tuer personne, moi !… Je n’ai jamais fait de mal à personne, moi !…

— Oh ! nous le savons, dit Rouletabille, ce n’est pas toi qui gaspilleras tes munitions !…

— Oh ! je me rends utile comme je peux, répliqua La Candeur sur un ton plein de suffisance qui fit relever la tête à Rouletabille.