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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/135

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LE DONJON ASSIÉGÉ

et la retenir là comme une bête vaincue, afin qu’elle ne se redressât point, malgré tout le désir qu’elle en avait. Et comme elle avait réussi à relever la tête et que cette tête allait dépasser les créneaux, Rouletabille la saisit à pleins cheveux, à pleine crinière… Elle poussa un cri de douleur et cruellement le mordit.

Ce fut au tour de Rouletabille de crier :

« Ah ! ça commence bien nos amours ! fit-il, les larmes dans les yeux.

— Nos amours ! Je te déteste !… siffla-t-elle entre ses dents grinçantes.

— Je commence à le croire ! répliqua Rouletabille. En tout cas, Ivana, ce n’est pas le moment de nous faire une scène. Il va falloir retourner à l’échauguette. Prenons garde de nous faire tuer !

— La belle affaire !…

— Ivana, vous voilà redevenue folle ! Qu’est-ce que vous avez ?… Il vous est arrivé quelque chose de nouveau que je ne sais pas !… Dites-le moi, Ivana !…

— Je vous l’ai dit : il m’est arrivé que je vous déteste !

— C’est vrai ?…

— Si c’est vrai !… Ah bien !…

— Qu’est-ce que j’ai fait pour cela ?… »

Elle le regarda méchamment, l’œil aigu :

« Vous discutez mes plans, et je n’aime pas que l’on discute mes plans !

— Je vous ai fait entendre des paroles raisonnables !

— Raisonnables ! s’écria-t-elle !… Vous m’avez dit une chose que je ne vous pardonnerai jamais : vous m’avez dit que j’avais surtout négocié la libération de Gaulow !

— Ivana, prenez garde !… »

Une balle venait de faire éclater la pierre juste au-dessus de la tête d’Ivana. Mais nous avons dit qu’elle était comme enragée et elle se défendait avec acharnement contre l’entreprise du reporter, qui faisait tout pour la sauver, pour l’empêcher d’être frappée, et cela sans s’apercevoir qu’il s’exposait lui-même.