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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/136

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LE CHÂTEAU NOIR

« Je vous déteste ! Je vous déteste !… »

Sa voix fit mal à Rouletabille :

« Vous le répétez trop, Ivana, pour qu’après tout ce ne soit pas vrai ! Dans votre pays, la haine suit facilement l’amour !

— Oui !

— Répétez-le !

— Je vous déteste !…

— Dites je vous hais !

— Je te hais ! »

Il la lâcha et monta debout entre deux créneaux.

« Faites-vous tuer de votre côté si ça vous fait plaisir, cria-t-il à Ivana… Moi, je m’occupe de mon affaire !… »

Ce fut à son tour à elle à se jeter derrière lui, à le faire redescendre du poste où il était allé, dans une extraordinaire exaltation gamine, attendre la mort puisque Ivana ne l’aimait plus !

« Je t’aime ! Je t’aime !… »

C’était elle maintenant qui prenait soin de lui, qui le courbait à la hauteur de la muraille protectrice… et ils se serrèrent dans les bras l’un de l’autre à s’étouffer… Leurs lèvres, une fois encore, s’unirent comme au fond du placard tragique.

Singulier destin que celui de leur amour ! Ils ne s’aimaient qu’au sein des pires tourmentes, au milieu du sang, parmi l’assassinat et les tueries, et leurs bouches ne s’unissaient que lorsque la mort rôdaient autour d’eux. Cette fois, elle était partout, la mort !… se faisait entendre en sifflements lugubres au-dessus de leurs têtes que leurs mains démentes étreignaient en une caresse délirante… Encore une fois, la mort seule était témoin de leur tendresse et, frappant sans relâche l’échauguette contre laquelle les balles ricochaient, elle semblait s’être faite la gardienne de leur solitude et menacer de ses coups quiconque oserait allonger la tête pour voir ces deux enfants s’embrasser !…

« C’est trop bon de se détester comme ça ! dit Roule rm, dns eh _