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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/138

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LE CHÂTEAU NOIR

traiter !… Gardons notre otage pour la fin, comme vous le désirez !… »

Elle parlait par à-coups comme si les arguments lui venaient difficilement…

« Sans compter, dit Vladimir, que Gaulow ne serait pas plus que nous à l’abri des balles…

— Comment cela ?…

— Eh !… Les soldats l’auraient tué avant de l’avoir reconnu.

— Oui, dit Ivana avec effort… oui, vous avez raison, monsieur… On pourrait nous le tuer et je ne m’en consolerais jamais !… »

Rouletabille avait encore « tiqué ». Cette dernière phrase avait été dite avec une obscure intention qu’il essaya en vain de pénétrer… Le fait est qu’elle trouvait des prétextes pour l’épargner !

« Laissez-moi passer, Ivana !

— Où allez-vous ?… Ne sommes-nous pas bien ici ? Pourquoi redescendre dans cette prison ?…

— Je vais revenir… je descends chercher ma jumelle…

— Il est bientôt midi ?…

— Oui, et vous savez que nous avons rendez-vous avec Athanase à midi.

— Je vais chercher la jumelle ! dit Vladimir… et il se précipita dans l’escalier.

— Voilà le soleil ! s’écria-t-elle en se levant brusquement. Je vous dis que l’on va très bien voir !… Oh ! je suis sûre qu’Athanase a réussi !… C’est un vrai patriote !… Un homme qui sait ce qu’il veut !… et, dans un rire étrange, elle ajouta :

— Je vous assure que nous pouvons nous tranquilliser sur son sort. Il a traversé le torrent, il a traversé le pays de Gaulow, il traversera la frontière et il reviendra nous délivrer… Avec un homme comme celui-là, reprit-elle avec force, nous n’avons rien à craindre : nous sommes sauvés !… »

Ils étaient seuls ou à peu près. Là-haut, dans l’échau-