dans le dessein d’approcher des murs du donjon sans avoir à craindre les coups de l’assiégé.
Mais de quoi était fait ce toit qu’ils portaient au-dessus comme un immense bouclier ? Était-il à l’épreuve de la balle ?
Les jeunes gens déchargèrent sur la terrible bête de nuit leurs carabines : elle avançait toujours et il ne paraissait point qu’elle eût été touchée. Cependant cette carapace devait être en bois ! Oui, mais Rouletabille ne fut point longtemps à se rendre compte qu’elle avait été entièrement garnie de paille et d’épais fourrage dans lequel les balles entraient mais perdaient aussitôt leur force de pénétration.
« Tirez aux pattes !… Tirez aux pattes !… » criait Rouletabille…
En effet, on voyait tout le long du chat, des pieds qui dépassaient, les « pattes » de ceux qui portaient le singulier engin. Dès les premiers coups qui les atteignirent, ces « pattes » se garèrent et disparurent…
La longue bête velue atteignait maintenant le fossé, commençait à s’engager sur les trois madriers qui conduisaient à la poterne…
Là-dessous, les soldats de la Karakoulé seraient tranquilles pour manœuvrer le bélier qui finirait bien par jeter bas la poterne.
Voyant qu’il perdait inutilement ses précieux projectiles, Rouletabille arrêta le feu et cria à La Candeur, à Vladimir et à Modeste de le suivre.
Ils descendirent et revinrent bientôt avec toutes les paillasses qu’ils avaient pu trouver dans le donjon, toute la literie de l’hôtel des Étrangers.
Rouletabille l’arrosa de pétrole dans le moment que les premiers coups commençaient de retentir contre la porte et que les assiégeants faisaient jouer leur bélier en poussant des cris de sauvages.
Presque aussitôt les paillasses enflammées furent jetées du haut du donjon et vinrent tomber sur le dos du