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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/175

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LES DERNIÈRES CARTOUCHES

— Trois cents coups et Gaulow !… On peut encore tenir quelques heures tout de même, fit Ivana, qui avait assisté en silence à cette désespérée conversation… si nous pouvons résister jusqu’à demain midi… cela donnerait le temps à nos amis d’arriver.

— Je crois que nous pourrons tenir jusqu’à demain midi, fit Rouletabille. Voici la nuit. Approximativement, le canon ne sera pas là avant l’aurore… Ils vont nous canonner dès la première heure… La porte sautera. Le fossé à franchir, l’assaut, tout cela sera bien rapide, du moment qu’ils ont en face d’eux une porte ouverte. À huit heures du matin, ils seront maîtres de la salle des gardes.

— Et puis après ?… Ils ne seront pas sur un lit de roses ! dans la salle des gardes !… exprima Vladimir. Nous les fusillerons à bout portant comme des lapins par les trous de la voûte !

— Pendant dix minutes… Après quoi ils feront sauter la voûte !… Ils ont de la poudre !

— Bon Dieu de bon Dieu !… seigneur Jésus ! dit La Candeur… Ils feront sauter la voûte et il n’est encore que huit heures dix ! Nous ne tiendrons jamais jusqu’à midi ! Et puis, qu’est-ce qui nous dit qu’à midi les autres arriveront justement !

— Oh ! tu as absolument raison, La Candeur, répliqua Rouletabille. Rien ne nous dit cela… et c’est si peu sûr que si j’étais à ta place, au lieu de passer par des transes pareilles, je me suiciderais tout de suite !…

— Ça n’est pas le moment de rigoler, grogna La Candeur.

— Messieurs, dit Ivana, je crois que ce n’est le moment ni de rire ni de pleurer, mais celui de nous préparer à nous défendre d’étage en étage, de porte en porte !… Prenez donc vos dernières dispositions pendant que je vais m’occuper du prisonnier. Où allons-nous le mettre ? »

Décidément, elle ne pensait qu’à Gaulow.

« Amenez-le au troisième étage du donjon ! dit Roule-