Aller au contenu

Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
174
LE CHÂTEAU NOIR

tabille. Ce sera là notre dernier refuge avant la plateforme, et, quand nous en serons là, nous serons bien heureux de l’avoir, pour, en traitant, gagner encore une heure ou deux…

— Quel que soit le traité, une fois que nous l’aurons « rendu », ils nous « zigouilleront », fit La Candeur qui voyait tout en noir…

— C’est bien pour cela que nous attendrons pour le rendre de ne pouvoir faire autrement… dit Vladimir.

— Eh bien, moi, j’ai une idée, s’écria tout à coup La Candeur… Quand ils nous assiégeront dans notre dernière retraite, on placera le Gaulow au beau milieu de l’escalier, attaché sur une planche comme une cible… comme une cible pour eux, comme un bouclier pour nous !… Ils ne pourront pas tirer sur nous sans risquer de le tuer ! Qu’est-ce que vous dites de ça ?

— C’est pas mal ! dit Viadimir…

— Et vous, Ivana, qu’en pensez-vous ? » demanda Rouletabille en se retournant du côté de la jeune fille…

Mais il fut étonné de la trouver très pâle… presque tremblante, agitée de mouvements nerveux qu’elle avait peine à dompter. Elle haussa les épaules sans répondre et descendit.

Quelques minutes plus tard, Gaulow, entre Tondor et le katerdjibaschi, surveillés par Ivana, était amené dans une chambre du troisième étage, à côté de la chambre même d’Ivana. Là, on lui lia à nouveau les pieds et les mains et il fut entendu qu’il aurait toujours un gardien comme dans son cachot. À ce propos, Ivana dit à Rouletabille :

« Prenez toutes dispositions pour garder Gaulow !.…

Mais, croyez-moi, éloignez de lui le katerdjibaschi… Tout Pomak qu’il est, s’il déteste les Turcs, il aime bien l’argent… et j’ai surpris tout à l’heure un coin de conversation entre le chef des muletiers et Gaulow qui me donne à penser qu’il y a tentative de corruption…

— Oh ! dit Rouletabille, il fallait bien s’y attendre…