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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/184

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LE CHÂTEAU NOIR

— On peut tenir encore un quart d’heure sur la plate-forme, s’écria Vladimir. Voilà le donjon qui commence à flamber… Nous nous jetterons dans les flammes quand il n’y aura plus rien à faire !… En avant ! »

Ce que Vladimir appelait aller « en avant » consistait bien entendu, à aller en arrière. C’était leur dernier recul ! Après, ils n’avaient plus que le ciel ou, comme l’avait dit Vladimir, les flammes. Tondor hissa sur son dos Modeste blessé, qui semblait agoniser et être bien près de dormir son dernier sommeil. Ils purent tous atteindre la plate-forme grâce à la précaution qu’ils avaient prise de préparer encore là la rupture de quelques marches derrière eux.

Quand ils furent à cet étage suprême :

« Nous n’avons plus une cartouche, fit Vladimir. Ils peuvent venir !

— Oui ! dit La Candeur, ils n’ont plus qu’à se présenter. »

La fumée qui les enveloppait était tellement dense qu’ils avaient peine à respirer et qu’il leur était impossible de distinguer ce qui se passait à quelques pas autour d’eux. Il leur semblait qu’ils étaient au centre d’un bûcher, et ils s’attendaient à être, de minute en minute, la proie des flammes !

À ce moment, La Candeur aperçut le treuil et la corde qui pendait hors du donjon. |

« C’est par là que s’est sauvé Gaulow, expliqua Ivana, qui paraissait avoir peine à contenir son hypocrite fureur.

— Mais il a dû avoir un complice ! s’écriait le bon La Candeur. |

— Que t’importe s’il a eu un complice ou non ! répondit Vladimir avec la fatalité des Slaves en face de l’inéluctable… que t’importe, puisque nous allons mourir !

— Il m’importe qu’avant de mourir ça m’aurait soulagé de crever ce complice-là ! » gronda le géant en fer-