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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/39

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LES NOCES D’IVANA HANOUM

porter… Il voudrait, sans doute, avoir déjà rejoint sa jeune épouse…

— Halte-là ! Pas avant l’ombre du soir, mon petit ami !…

— Ah ! vraiment, pas avant l’ombre du soir…

— Non ! non !… jusque-là il n’a pas le droit de remettre les pieds dans la chambre nuptiale. Maintenant il nous appartient !… »

Rouletabille, sans doute, n’avait point besoin d’en savoir davantage, car il fit un signe à Vladimir, et ils s’esquivèrent avec une rapidité que Kasbeck trouva assez déplacée. Quand il tourna la tête, le jeune homme n’était plus là.

Rouletabille et La Candeur sortirent du selamlik sans grande difficulté, en évoluant avec adresse parmi les groupes étendus sur les tapis et en se frayant un chemin au milieu des comédiens et des danseurs.

« Dépêchons-nous, disait Rouletabille, et nous arriverons certainement à achever notre besogne avant « l’ombre du soir ». Ce M. Kasbeck est un bien brave homme d’eunuque… Il m’a un peu rassuré, car nous avons encore du temps devant nous…

— As-tu remarqué, demanda La Candeur, comme ce M. Kasbeck a une drôle de voix ? Il a la voix comme cassée ; c’est peut-être à cause de cela qu’on l’appelle : Kasbeck. »

Mais ils eurent bientôt fini de rire.

Comme ils sortaient du cloître qui précédait le selamlik pour entrer dans la « bâille », ils revirent en face d’eux Stefo le Dalmate et l’homme qui parlait si bien français.

En même temps, une vingtaine de soldats les entourèrent, et ils ne purent plus ni avancer ni reculer.

« Qu’est-ce que ça signifie ?… » demanda Rouletabille atrocement pâle, car il comprenait que, dans ce moment où le salut d’Ivana ne dépendait plus que de sa liberté, on le faisait prisonnier !…