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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/54

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LE CHÂTEAU NOIR

imbécile, Ivana Ivanovna ! Puisque vous tenez tant à ce coffret, Ivana, je vais vous dire une chose : il est à vous et je vous le fais apporter tout de suite… mais écoutez-moi bien, mon épouse chérie… le coffret est vide de ce qu’on avait mis dedans !… Ah ! ah ! vous ouvrez des yeux comme si vous alliez rendre l’âme ! ma chère âme ! N’est-ce pas que je vous ai devinée ?… N’est-ce pas que Kara Selim n’est pas plus bête qu’une belle petite louve du Balkan ?… Allons ! allons ! remettez-vous… ce coffret est une bien jolie chose par lui-même, un bien agréable souvenir lui aussi… Je vais donner des ordres pour qu’on vous apporte le coffret vide, Ivana !… Le voulez-vous ? »

Elle regarda fixement, de ses grands yeux qui semblaient mourir, cet homme dont chaque parole lui déchirait sa pauvre âme agonisante. Et l’autre comprit bien qu’elle essayait de lire en lui s’il l’avait tout à fait devinée !… II ne put s’empêcher d’avoir un éclat extravagant :

« Vide ! vide !… Croyez-moi, Ivana Ivanovna, il n’y a plus rien dans ce coffret, absolument rien qui puisse vous intéresser !… J’y ai mis bon ordre, ma chère âme ! Les petites choses pour lesquelles vous vouliez m’épouser n’y sont plus !… Mais le coffret est tout de même à vous… Le voulez-vous ? »

Elle secoua la tête, et comme elle cédait cette fois à l’évanouissement, il la reçut dans ses bras.