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VI

LE TIROIR SECRET


Nous avons laissé Ivana Ivanovna dans les bras de Gaulow au moment où, croyant comprendre que celui-ci s’était joué d’elle et avait vidé le coffret byzantin de son précieux bagage, elle s’était quasi-évanouie. Le coup, en effet, était rude !

Cependant, sur les bords de l’abîme où elle roulait inconsciente, elle fut réveillée par le baiser de Gaulow. Les lèvres du bandit sur les siennes lui produisirent l’effet d’une brûlure atroce. Elle rouvrit les yeux, se vit entre les mains démentes d’un misérable qui allait abuser de sa faiblesse pour affirmer des droits que la cérémonie du jour lui avait donnés ; elle reconnut ce visage détesté, cette face de crime, ces yeux qui s’étaient repus de l’agonie de son père et de sa mère ; et la haine formidable qu’elle avait vouée, depuis l’enfance, à ce Gaulow qui la tenait entre ses bras, lui redonna subitement les forces nécessaires pour lui échapper.

Il s’attendait si peu à cette révolte nouvelle, il fut tellement surpris par cette renaissance brusque d’une proie qu’il croyait inerte et incapable de lui résister