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LE TIROIR SECRET

« J’aime à vous voir plus raisonnable, Ivana. C’est la fureur qui vous animait tout à l’heure qui vous a faite si faible, voyez-vous !… Il ne faut plus recommencer ce jeu-là !… »

Il lui propose des cordiaux… veut lui faire boire l’eau réconfortante d’un flacon… il veut se lever pour aller chercher le flacon… mais elle le retient encore… et lui se sent à nouveau tout remué par cette manifestation amicale…

On a beau aimer les jeunes louves qui se défendent bien… on est sensible aussi à leur aimable défaite…

Et Ivana paraît bien vaincue…

Il lui parle maintenant tout bas, près des lèvres, comme un véritable et gentil amoureux qui donne de bons conseils :

« Non, il ne faut pas recommencer ce jeu qui vous brise… qui vous tuerait… Ivana, acceptez le sort qui vous est fait ! Je vous jure que vous ne serez pas à plaindre !… Acceptez-le tout de suite puisque, aussi bien, vous ne pouvez plus rien espérer d’autre… moi, je vous aime… laissez-moi vous aimer… vous serez heureuse !… C’est vous qui commanderez à la Karakoulé ! C’est vous qui serez la maîtresse !… »

Il lui promet de ne vivre que pour accomplir son moindre désir…

Toutes les richesses, toute la fortune de la Karakoulé et de son maître, tout cela est à elle… Il la couvrira des plus beaux joyaux, comme aucune kadine favorite n’en a jamais eu, jamais !…

Les bijoux nouveaux qu’il a mis dans le coffret ne sont rien à côté de ce qu’il lui réserve !…

« Vous voyez, dit-il, que je se suis pas si terrible ! Je vous ai pris quelques bijoux de famille, parce que je les jugeais dangereux, mais je les ai remplacés par d’autres. Les avez-vous vus seulement, Ivana ?

— Oui, oui ! » fait Ivana de la tête… oui, elle les a vus !…