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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/89

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LE TIROIR SECRET

— Tu ne connais pas le monstre ! Il a pu remplacer ces documents par d’autres papiers insignifiants. Il faut savoir s’il s’est joué de moi ! Il faut savoir, petit Zo !… »

Elle se tordait les mains.

« C’est pour savoir cela que j’ai tant risqué et que j’ai failli te perdre et que nous mourrons peut-être ! Zo ! ne partons pas sans savoir, ce serait lâche !

— Mais tu ne vois donc pas, malheureuse, que tu nous tues ! Et qu’il va arriver. »

Elle bondit jusqu’à la porte.

« S’il entre, je me jette sur lui et tu le tues ! Mais cherche, cherche, petit Zo ! Chaque fois que tu as voulu bien chercher, tu as bien trouvé. »

Elle le suppliait.

« Tu verras que nous y resterons tous, dit-il assez froidement, mais il lui céda, resta et croisa les bras devant ce terrible coffret qui lui présentait la curieuse et impassible image de la Sophie à la cataracte.

« Si tu entends des pas, dit-il, tu me préviendras, j’accourrai près de toi ! D’ici là tu ne me dis plus un mot, plus un seul ! »

Et, profondément, il réfléchit, il s’appliqua à ne plus penser qu’à cette énigmatique image. Muet, il l’interrogea de son regard aigu sur tous les points, mais il y avait un point entre tous les autres qui attirait et retenait son attention, c’était toujours le point d’or au centre de l’œil.

Tout à coup il se releva, en laissant échapper une exclamation :

« Ah ! très bien…

— Tu as trouvé, petit Zo ? demanda l’autre, là-bas, debout contre sa porte.

— Eh ! fit-il, je crois bien que oui !

— Qu’est-ce que tu cherches ?

— Je cherche une aiguille !…

— Pourquoi faire ?

— Pour faire à Sophie l’opération de la cataracte ! »