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Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/92

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LE CHÂTEAU NOIR

avait pas touché !… Les documents étaient aussi intacts que le jour où on les avait placés là !…

À cette vue, ils ne purent retenir un cri de folle allégresse et de triomphe !

Et ils se précipitèrent sur les précieux papiers qui remplissaient le tiroir…

Mais à ce moment des coups furent frappés à la porte !…

Ils n’en pouvaient douter : c’était Kara Selim qui revenait !

Il n’y avait pas à hésiter ; Rouletabille referma brusquement, d’un geste, le tiroir qui disparut avec les documents dans le secret du coffre avec un petit bruit sec ; puis, sortant son revolver, il bondit jusqu’à ce coin de la muraille contre laquelle la porte, en s’ouvrant, allait le cacher !

Ivana comprit, et, décidée à se jeter à la gorge de Kara Selim sitôt qu’il serait entré, elle s’avança elle-même vers la porte.

Les coups reprenaient de plus belle…

Enfin, la porte, doucement, s’ouvrit.

Ce n’était pas Kara Selim.

C’était la ken-khieh-kadine, la maîtresse des cérémonies de la chambre nuptiale, dont la veille, en cette nuit de noces, devait sans doute se prolonger jusqu’au matin, et qui se présentant toute tremblante.

« Pardon, seigneur, murmurait-elle, vous avez appelé ?… »

Elle regardait inclinée et craintive sur le seuil, n’osant pas encore entrer. Elle regardait étrangement Ivana dont la figure hâve, les vêtements en désordre et toute l’attitude extraordinaire et incompréhensible étaient bien faits pour la stupéfier… et, subitement, elle s’écria :

« Où est Kara Selim ? Kara Selim a appelé ! Où est Kara Selim ? »

Et elle fit un pas prudent dans la chambre tout en menaçant Ivana.