Aller au contenu

Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 2.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
CE QUE ROULETABILLE,…

invitées de la noce et qui avaient été laissés provisoirement pour être repris au moment du départ.

Sauter sur ces linges précieux, s’affubler d’un feradje et se couvrir le visage du yalmack ne fut pour noire reporter que l’affaire d’un instant.

À cette heure de la nuit commençante, un tel déguisement au milieu d’une fête qui avait attiré de nombreuses femmes inconnues, des esclaves et des eunuques, devait merveilleusement servir Rouletabille.

En effet, le jeune homme avait rôdé un peu partout, à l’intérieur et dans les cours, sans avoir été arrêté une seule fois par une question à laquelle il eût été bien en peine de répondre.

Il avait pu ainsi s’approcher des appartements de la nouvelle kadine favorite, était entré dans la chambre du trousseau sans être aperçu de deux eunuques qui avaient mission de surveiller le vestibule et qui étaient occupés à une fenêtre par le spectacle du « bouquet » ; de là, poussant une porte, il avait aperçu au fond d’une pièce où on avait remisé les splendeurs de l’aski nuptial, le coffret byzantin qui devait être apporté le soir même dans la chambre d’Ivana !…

Se glisser jusque-là, forcer la serrure, ouvrir le coffre et se jeter dedans en entendant du bruit dans la chambre du trousseau, tel avait été le plan du reporter réalisé presque aussitôt que conçu !…

Certes, c’était beaucoup risquer ! C’était tout risquer ! Et la vie d’Ivana et la sienne !…

Mais il avait déjà couru de tels dangers et il y avait si miraculeusement échappé ! Enfin, depuis une heure, tout semblait si bien lui réussir et l’aider dans ses pas et démarches, tous les obstacles s’étaient si opportunément abaissés devant lui qu’il ne désespéra point de réussir.

Cependant le bruit qu’il avait entendu et qui lui avait fait croire qu’on venait chercher le coffret n’avait pas eu de suite… et il était resté là-dedans, haletant, en sueur, étouffant un peu, soulevant parfois le couvercle pour