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Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/15

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purent retenir un mouvement d’admiration et de pitié. Une pieuse douairière se signa. Sur tous les gradins on s’était levé, car toute cette émotion était infiniment respectueuse, comme devant la mort qui passe.

Arrivé à sa place, le récipiendaire s’était assis entre ses deux gardes du corps, puis il releva la tête et promena un regard ferme sur ses collègues, l’assistance, le bureau et aussi sur la figure attristée du membre de l’illustre assemblée chargé de le recevoir.

À l’ordinaire, ce dernier personnage apporte à cette sorte de cérémonie une physionomie féroce, présage de toutes les tortures littéraires qu’il a préparées à l’ombre de son discours. Ce jour-là, il avait la mine compatissante du confesseur qui vient assister le patient à ses derniers moments.

M. Lalouette, tout en considérant attentivement le spectacle de cette tribu habillée de feuilles de chêne, ne perdait pas un mot de ce qui se disait autour de lui. On disait :

Ce pauvre Jehan Mortimar était beau et jeune, comme lui !

— Et si heureux d’avoir été élu !

— Vous rappelez-vous quand il s’est levé pour prononcer son discours ?