Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/172

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sache rien jamais… jamais !… Vous ne répondez pas ? Est-ce l’affaire du discours qui vous gêne ? Eh bien, vous ne le ferez pas trop long et vous me l’apprendrez par cœur… je ferai tout ce que vous voudrez… mais dites quelque chose.

M. Hippolyte Patard n’en revenait pas…

Il en restait comme assommé. Il avait vu bien des choses depuis quelques mois, mais ça c’était le plus fort de tout. Un candidat à l’Académie qui ne savait pas lire !

Enfin, il se décida à manifester les sentiments contradictoires qui l’agitaient.

— Mon Dieu, que c’est embêtant ! Ah ! que c’est embêtant ! Voilà enfin un candidat et il ne sait pas lire ! Il fait l’affaire, il fait tout à fait l’affaire, mais il ne sait pas lire !… Ah ! mon Dieu, que c’est embêtant ! embêtant ! embêtant ! embêtant !

Et il alla, furieux, à M. Lalouette.

— Comment se fait-il que vous ne sachiez pas lire ?… cela dépasse toute imagination !

M. Gaspard Lalouette, gravement, répondit :

— Cela se fait que je n’ai jamais été à l’école… que mon père me faisait travailler comme un ouvrier dans son magasin, dès l’âge de six ans. Il jugea inutile de me faire apprendre une science qu’il ne connaissait pas et dont il