Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/173

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n’avait pas besoin pour réussir dans ses affaires. Il se borna à m’apprendre son métier qui était, comme le mien, celui d’antiquaire. Je ne savais point ce que c’était qu’une lettre, mais on ne m’aurait pas trompé à dix ans sur la signature d’un tableau et, à sept, je savais distinguer un point de Cluny d’un point d’Alençon !… C’est ainsi que, bien que ne sachant pas lire, j’ai pu dicter des ouvrages qui font l’admiration de Mgr le prince de Condé.

Cette phrase finale était fort adroite, et elle impressionna vivement M. le secrétaire perpétuel.

Il se leva, marcha rageusement de long en large… M. Lalouette, qui l’observait du coin de l’œil, l’entendait mâchonner des mots, ou plutôt devinait qu’il mâchonnait des : Pas lire ! Pas lire ! Il ne sait pas lire !

Enfin, rageusement, M. Hippolyte Patard revint à M. Gaspard Lalouette.

— Pourquoi m’avez-vous dit cela ?… Il ne fallait pas me le dire !

— J’ai cru plus honnête et plus habile…

— Tatata !… Je m’en serais bien aperçu, mais après, et ça n’avait plus la même importance !… Écoutez !… Imaginez que vous ne m’avez rien dit : Voulez-vous ?… Moi, je ne sais rien ! Je