Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chaudes qu’elles étaient, devinrent glacées.

M. et Mme Gaspard Lalouette venaient d’apercevoir derrière leur vitrine, arrêtée sur le trottoir et regardant dans leur boutique, une figure…

Cette figure était à la fois belle et noble et les yeux, très doux, en étaient spirituels. Un double cri d’horreur s’échappa de la gorge de M. et Mme Lalouette. Ils ne pouvaient se tromper. Ils reconnaissaient cette figure-là… cette figure qui les regardait, à travers les vitres… qui les fascinait… C’était Éliphas ! Éliphas, lui-même… Éliphas de Saint-Elme de Taillebourg-de-la-Nox !

L’homme, sur le trottoir, ne remuait pas plus qu’une statue. Il était élégamment vêtu d’un complet jaquette sombre ; il avait une canne à la main ; un pardessus beige replié flottait négligemment sur son bras. Un nœud de cravate, dit lavallière, agrémentait le plastron de sa chemise ; un chapeau rond, de feutre mou, était posé sur ses cheveux blonds, qui bouclaient un peu, et jetait une ombre douce sur un profil digne des fils de Pallas Athéné.

M. et Mme Lalouette sentaient trembler leurs genoux. Ils ne se soutenaient plus. Tout à coup, l’homme bougea. Il s’en fut d’un pas pai-