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Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/193

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qu’un pauvre homme comme tous les autres… Je me suis cru un moment au-dessus de l’humanité, parce que j’avais beaucoup étudié… et beaucoup pénétré… La triste humiliation que j’ai subie, lors de mon échec à l’Académie, m’a ouvert les yeux. Et j’ai résolu de me châtier, de m’abaisser… je me suis condamné à la retraite… j’ai suivi en cela la règle de ces admirables religieux qui astreignent les plus intelligents d’entre eux aux plus rudes travaux manuels… Au fond des forêts du Canada, j’ai travaillé de mes mains comme le plus vulgaire des trappeurs… et je reviens aujourd’hui en Europe pour placer ma marchandise…

— Qu’est-ce que vous faites donc ? demanda M. Lalouette qui était remué de la plus douce émotion de sa vie, car la parole de celui que l’on avait appelé l’Homme de lumière était des plus captivantes et coulait comme un miel dans les artères battantes de ceux qui avaient le bonheur de l’entendre.

— Oui, qu’est-ce que vous faites donc, mon cher Monsieur ? implora Mme Gaspard qui roulait des yeux blancs.

L’Homme de lumière dit simplement sans fausse honte :

— Je suis marchand de peaux de lapin !